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Psychodrame et Énergievore : quand l’autre t’aspire comme un trou noir

  • Photo du rédacteur: Melanie Verola
    Melanie Verola
  • 19 mars
  • 3 min de lecture
(Ou pourquoi laisser quelqu'un nous siphonner l'âme)

Il y a des liens qui ne nourrissent pas. Qui grattent sous la peau. Des relations qui, au lieu de te remplir, te siphonnent doucement, avec une politesse glaciale.
Au début, tout est fluide. L’autre te regarde avec cette intensité rare, celle qui fait croire qu’on est enfin vu, enfin compris. Tu t’ouvres. Tu donnes. C’est naturel, presque instinctif. Et puis, petit à petit, quelque chose cloche. Une fatigue sourde. Comme si tu avais laissé une fenêtre ouverte en pleine tempête. Ton énergie fuit, mais tu ne comprends pas encore pourquoi.

Transfusion à sens unique : quand donner devient une hémorragie
C’est subtil, insidieux. L’autre parle de ses problèmes, longuement. Il/Elle se pose en victime du monde, de ses collègues toxiques, de sa famille dysfonctionnelle. Toi, tu écoutes. Bien sûr que tu écoutes. Tu veux aider, apaiser, réparer. Sauf que plus tu tends la main, plus il/elle s’y accroche. Il/Elle t’aspire. Et toi, tu ne vois pas encore le piège se refermer.
Ce sont des phrases qui glissent dans ton esprit : « Je ne sais pas comment je ferais sans toi. » « Personne ne m'écoute comme toi. » « J’ai l’impression que tu es le seul à vraiment me comprendre. » Ça ressemble à de l’amour, de l’amitié, de la reconnaissance. En réalité, c’est une dette invisible, un piège délicatement refermé. Tu te retrouves à porter ce poids qui n’était pas le tien.

La faille narcissique : ce trou noir qui exige une étoile
Quand une personne aspire constamment l’attention, ce n’est pas toujours par malice. Il y a souvent une brèche intérieure, un besoin d’être validé, entendu, rassuré. Écouter devient alors une forme de don. Sauf que le besoin en face est insatiable. C’est comme essayer de remplir une baignoire sans bouchon — ça fuit en continu.
Certaines personnes ne veulent pas te comprendre : elles veulent juste une audience.

Syndrome du sauveur : cesse de jouer Florence Nightingale
Être celui ou celle qui apaise, qui console, ça crée une euphorie tordue. Une ivresse du don. Mais quand le rôle devient permanent, la dynamique glisse rapidement vers une addiction mutuelle. L’autre ne cherche pas une solution — juste une station-service émotionnelle. Tu n’es pas un distributeur automatique de réconfort.
Tu penses réparer une âme brisée ? Tu es juste une bouée de secours.

L’addiction à l’intensité : shoots de chaos et descentes d’adrénaline
Certains liens sont toxiques, mais électrisants. Quand une connexion intense alterne entre proximité et retrait, le système nerveux s’emballe. Ce n’est pas de l’amour, ni de l’amitié. C’est une dépendance biochimique au cortisol et à l’adrénaline. Une montée vertigineuse suivie d’un crash brutal. L’attente de la prochaine dose te garde accroché·e.
Ce n’est pas une relation — c’est une piqûre d’adrénaline.

Pourquoi rester malgré tout ? Le syndrome de la cage dorée
Si la situation est aussi épuisante, pourquoi est-ce si difficile de s’extraire de cette spirale ? Parce que l’échange est truqué. L’autre te donne juste assez pour que tu continues à espérer. Des miettes d’attention. Une reconnaissance soudaine après des semaines de vide. Ce message tardif qui te fait croire, pendant une seconde, que tout va changer.
C’est une stratégie inconsciente. On t’appâte juste assez pour que tu restes.

Mémoire émotionnelle : le chaos comme zone de confort
Le cerveau est programmé pour rechercher ce qu’il connaît. Si l’enfance a été marquée par des liens instables — chaleur suivie de retrait, amour conditionnel — il y a une forme de reconnaissance dans le chaos émotionnel. L’instabilité devient rassurante, presque naturelle.
On croit que le bruit est synonyme de vie. En réalité, c’est juste du bruit.

Loyauté invisible : quand aimer, c’est saigner
Si un modèle sacrificiel a été imprimé dans l’histoire familiale, il est facile de croire que donner, absorber, porter, est une forme de fidélité. Quitter une relation déséquilibrée peut provoquer un sentiment de trahison envers ce modèle invisible. Comme si s’extraire du chaos revenait à abandonner ceux qui nous ont appris à survivre dans le tumulte.
Si aimer signifie se vider, ce n’est pas de l’amour. C’est du martyr.

Mieux vaut un vide glacial qu’un chaos brûlant
Il y a parfois plus de réconfort dans une relation bancale que dans le silence d’un espace vide. Le chaos est bruyant, mais le vide est vertigineux. Pourtant, rester dans le bruit, c’est accepter de vivre dans un champ de mines.
Mieux vaut le silence inconfortable qu’une explosion imminente.

Fermer la porte et retrouver son souffle
Mais tu n’es pas une bouée. Ni un psy gratuit. Ni un robinet émotionnel. L’autre n’a pas le droit de t’aspirer jusqu’à la moelle pour combler son propre manque.
Alors, peut-être qu’il est temps de ne pas répondre. Peut-être qu’il est temps de fermer la porte doucement, sans bruit, comme on ferme une fenêtre avant la tempête.
Peut-être qu’il est temps de raccrocher avant même de décrocher.

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